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Designing Community

An Igor Galligo, Cléo Collomb et Natasha (Aide à la coordination) & Max Mollon (Aide à la conception) event

Espace Niemeyer, Paris
Illustration Timothée ...

    À une époque où l’urgence écologique et sociale fait peser plus que jamais la nécessité d’une nouvelle pensée et fabrique du commun, nous interrogerons le design sur sa capacité à contribuer à la fabrique de son organe culturel, la communauté, à partir de ses ressorts psychosomatiques, l’affect commun et le territoire. Si la recherche en design consiste notamment dans l’invention de nouveaux processus et circuits de production, l’enjeu de ces rencontres consistera à réfléchir à la production de notre être-en-commun à partir des infrastructures de production de notre milieu technique, et de leur capacité à tisser et vivifier des affects communs portés par des enjeux démocratiques, cosmopolitiques et esthétiques. Scientifiques, philosophes, artistes, designers, architectes et entrepreneurs français et européens sont ainsi invités pour réfléchir et formuler ensemble un nouvel âge numérique et participatif de la fabrique de la communauté, appelé de vive-voix par la crise politique exprimée par le mouvement français des Gilets Jaunes.

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    Programme

    • Journée 1

      • Ouverture

        • 9:00 - 9:15
          ouverture

          Session animée par Igor Galligo

      • Commun, communauté et affects du nous

        • 9:15 - 9:50

          Dire « nous » aujourd’hui

          Par Marielle Macé

        • 9:50 - 10:25

          Vivre l’époque

          Par Pierre-Damien Huyghe

        • 10:25 - 11:00

          Esthétiques de la communauté : quelles formes peuvent prendre nos vies ?

          Par Remi Astruc

        • 11:00 - 11:25
          Discussion
      • Matérialités et infrastructures du commun

        • 11:25 - 12:00

          Common(s) materials

          Par John Bingham-Hall

        • 12:00 - 12:35

          Imagining users

          Par Tom Clark

        • 12:35 - 12:55
          Discussion
      • Pause

      • Démocratie et design participatif : quels nouveaux paradigmes ?

        • 14:25 - 15:00

          In search for the collective designer - Reimagining a nordic noir participatory design Tale in the age of surveillance capitalism

          Par Pelle Ehn

        • 15:00 - 16:25
          Débat

          Session animée par & Marion Waller

          Par Richard Sennett, Bernard Stiegler & Tim Ingold

        • 16:25 - 17:30
          Débat

          Par Chris Younès, Patrick Bouchain & Federica Gatta

      • Pause

      • L’avenir techno-politique des gilets jaunes

        • 17:45 - 18:20

          Penser et accompagner le changement de paradigme décisionnel grâce au numérique

          Par Cyril Lage

        • 18:20 - 18:55
          Entretien

          Session animée par Igor Galligo

          Par Priscillia Ludosky & Co.

        • 18:55 - 19:30
          Discussion
    • Journée 2

      • Ouverture

        • 9:00 - 9:10
          ouverture

          Session animée par Igor Galligo

      • La communauté numérique : décentraliser, fragmenter, tisser

        • 9:15 - 9:45

          Faire communauté « par l’architecture » : les services internet en pair-à-pair

          Par Francesca Musiani

        • 9:45 - 10:20

          Le community manager comme tisserand, ou comment tirer le fil des émotions aux communautés

          Par Camille Alloing & Julien Pierre

        • 10:20 - 10:55

          Fragmenter la communauté

          Par Cléo Collomb

        • 10:55 - 11:20
          Discussion
      • « Collectifs » versus institutions : quels dénouements ?

        • 11:20 - 11:55

          Capricious characters of the community : let’s see how this plays out

          Par Jamie Allen, Bernhard Garnicnig & Lucie Kolb

        • 11:55 - 12:30

          Les « collectifs » d’architectes français. de la pratique à l’enquête de terrain : conclusions critiques

          Par Mathias Rollot & Arthur Poiret

        • 12:30 - 12:50
          Discussion
      • Pause

      • Co-design : critiques et bifurcations

        • 14:20 - 14:55

          Art eco-systems

          Par Mick Finch

        • 14:55 - 15:30

          Fictionalising commoning as co-design

          Par Shintaro Miyazaki & Michaela Büsse

        • 15:30 - 16:05

          Participez ! pour une critique mésologique du co-design

          Par Ludovic Duhem

        • 16:05 - 16:30
          Discussion
      • Pause

      • Technologies de communication, territoire et fabrique de la communauté

        • 16:45 - 17:20

          Poor sculpture : making contingent markers with localized wireless networks

          Par Elizabeth Wright

        • 17:20 - 17:55

          Simondon, Lyotard and the transdisciplinary shadow

          Par Martin Westwood

        • 17:55 - 18:30

          Renouer avec l’entreprise collective. la chaire idis à l’épreuve du territoire

          Par Émeline Eudes

        • 18:30 - 19:05

          Design by belleville

          Par Igor Galligo & Jeanne Lacour

        • 19:05 - 19:30
          Discussion

    Invités

    • Arthur Poiret

      Architecte D.E. H.M.O.N.P. de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Strasbourg et diplômé du DSA Architecture & Projet Urbain de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris-Belleville.

      Arthur est chef de projet à l’ateliergeorges et responsable du champ «construction collective», il explore les alternatives à l’acte de construire par la valorisation des territoires et de leurs ressources, et expérimente les modalités de gouvernance innovantes dans le cadre de projets urbains en Ile-de-France et dans la métropole nantaise. Arthur enseigne le projet urbain au sein du DSA Architecture et Projet Urbain à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Belleville depuis 2013. Il accompagne les jeunes diplômés dans le cadre de l’atelier Métropole d’Asie Pacifique et anime les Workshops intensifs qui ponctuent le cursus du DSA. Arthur est l’homme de terrain de l’Hypothèse Collaborative depuis près de deux ans il sillonne la France à la rencontre des collectifs, sur les chantiers qu’ils réalisent, à l’occasion des événements qu’ils organisent, entre deux réunions ou dans leurs locaux pour recueillir leurs paroles et échanger sur le rôle de l’architecte dans le contexte actuel.
    • Bernard Stiegler

      Philosophe

      Bernard Stiegler est président de l’association Ars Industrialis, directeur de l’Institut de Recherche et d’Innovation du Centre Georges Pompidou, professeur à l’Université de Londres (Goldsmiths College), professeur associé à l’Université de Technologie de Compiègne et enseigne à l’école polytechnique de Zurich. Il a été directeur de programme au Collège international de philosophie, directeur de l’unité de recherche Connaissances, Organisations et Systèmes Techniques de l’Université de Compiègne, qu’il a fondée en 1993, directeur général adjoint de l’Institut National de l’Audiovisuel en 1996, directeur de l’IRCAM en 2001 et directeur du département du développement culturel du Centre Georges Pompidou en 2006. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, De la misère symbolique. La catastrophe du sensible, tome 2, Flammarion, 2005 ; rééd. « Champs essais », Flammarion, 2013. La Télécratie contre la démocratie. Lettre ouverte aux représentants politiques, Flammarion, 2006 ; rééd. « Champs essai », Flammarion, 2008. Ce qui fait que la vie vaut d’être vécue. De la pharmacologie, Flammarion, 2010. Dans la disruption. Comment ne pas devenir fou, édit. Les liens qui libèrent, 2016 ; rééd. Babel, Actes Sud, 2018. La société automatique. Tome 1, L’avenir du travail (2015). Dans la disruption. Comment ne pas devenir fou, édit. Les liens qui libèrent, 2016 ; rééd. Babel, Actes Sud, 2018. Ou encore, La Technique et le temps. 1. La faute d’Épiméthée — 2. La désorientation — 3. Le temps du cinéma et la question du mal-être, Paris, rééd. Fayard, 201
    • Bernhard Garnicnig

    • Camille Alloing

      Maître de conférences en sciences de l’information-communication à l’IAE de l’Université de Poitiers

      Camille Alloing consacre ses travaux universitaires à l’étude des pratiques de production et consommation de l’information en ligne, spécifiquement sur des terrains organisationnels. Il a publié en 2016 un ouvrage dédié à la question de l’(e)réputation (CNRS Editions), et en 2017 avec Julien Pierre«Le Web affectif» (INA Editions).
    • Chris Younès

      Docteure et HDR en philosophie

      Chris Younès est professeure à l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Parisla-Villette et à l’ESA (Ecole Spéciale d’Architecture). Chris Younès est ex-directrice du laboratoire Gerphau (philosophie, architecture, urbain) UMR CNRS LAVUE et responsable du Réseau International PhilAU. Elle est également membre du Conseil scientifique d’Europan et du réseau européen de recherche ARENA (Architectural Research Network), ainsi que de la revue « L’esprit des villes ». Ses travaux et recherches développent une interface architecture et philosophie sur la question des lieux de l’habiter, au point de rencontre entre éthique et esthétique, ainsi qu’entre nature et culture. Parmi ses ouvrages : « Habiter, le propre de l’humain », (dir. Th. Paquot, M. Lussault et C. Younès), éd. La Découverte, 2007 ; « Architecture des Milieux » (dir. C.Younès, B. Goetz), Le Portique, 2010 ; « Philosophie de l’environnement et milieux urbains », (dir. Th. Paquot et C. Younès), éd. La Découverte, 2010 ; « Espace et lieu dans la pensée occidentale. De Platon à Nietzsche » (dir. Th. Paquot, C. Younès), La Découverte, 2012 ; « Perception, architecture, urbain », (dir. C. Younès, X. Bonnaud), Infolio, 2014.
    • Cléo Collomb

      Docteure en philosophie

      Cléo Collomb est maître de conférences à l’Université Paris Sud, chercheuse à l’IDEST (Institut du Droit de l’Espace et des Télécommunications) et chercheuse associée au COSTECH de l’Université de Technologie de Compiègne (UTC). Ses travaux portent sur la traçabilité numérique et sur les conséquences du profilage algorithmique rendu possible par la collecte automatisée et massive des données liées aux comportements des individus en ligne. Elle enseigne la communication et la philosophie des techniques aux élèves-ingénieurs de l’UTC ainsi que dans le département de génie mécanique et productique de l’IUT de Cachan.
    • Cyril Lage

      Cyril Lage étudie le droit et les sciences politiques avant de débuter sa carrière dans le monde du conseil. Ces années lui permettent de prendre conscience des dysfonctionnements d’un système politique vieillissant. En 2009, il entre à l’assemblée nationale en tant que collaborateur bénévole d’un député. Il ressort de cette expérience convaincu que le changement est indispensable et qui plus est à portée de main. En 2013 naît de ce constat le projet Parlement & Citoyens : une méthode de rédaction collaborative de la loi en partenariat avec des parlementaires qui adhèrent à l’idée que les lois doivent désormais être produites de manière plus inclusive et transparente. Cap Collectif est ensuite créé, pour pérenniser la plateforme Parlement & Citoyens en lui apportant un support technique et humain, et pour essaimer cette méthodologie de co-construction de la décision à tous les secteurs de la société. Capco accompagne aujourd’hui près de 140 clients : ministres, élus locaux, mais aussi chefs d’entreprise ou responsables associatifs. Depuis 2013, il a permis à près d’un million de citoyens de participer à la co-construction de projets de loi, de plans stratégiques, de programme politiques, de stratégie RH…
    • Elizabeth Wright

    • Federica Gatta

      Architecte et docteur en aménagement de l’espace et urbanisme

      Maitresse de conférence à l’université de Grenoble Alpes, Federica Gatta est chercheuse au laboratoire de sciences sociales PACTE et au Laboratoire Architecture Anthropologie (UMR LAVUE) et enseigne également à l’Institut d’Urbanisme. Ses recherches se concentrent sur l’analyse anthropologique des enjeux sociaux, spatiaux et politiques de la transformation urbaine. Ses recherches se focalisent sur l’analyse anthropologique des enjeux politiques de la transformation urbaine. Ses objets de mes recherches sont constitués par des situations de négociation et de conflit qui questionnent le rôle de la critique sociale en urbanisme, la participation démocratique et les relations de pouvoir entre institutions et pratiques collectives dans les contextes de transformation métropolitaine. Du point de vue épistémologique, elle s’intéresse aux implications de l’usage des analyses urbaines qualitatives et ethnographiques dans le projet urbain.
    • Francesca Musiani

      Docteure en socio-économie de l’innovation de MINES ParisTech (2012)

      Francesca Musiani est chargée de recherche au CNRS depuis 2014, et directrice adjointe du Centre Internet et Société du CNRS (UPR 2000) qu’elle a cofondé avec Mélanie Dulong de Rosnay en 2019. Elle est également chercheuse associée au Centre de sociologie de l’innovation (i3/MINES ParisTech) et Global Fellow auprès de l’Internet Governance Lab de l’American University à Washington, DC. Depuis 2006, les travaux de Francesca portent sur la gouvernance de l’Internet, dans une perspective interdisciplinaire qui puise dans les sciences de l’information et de la communication, les science and technology studies (STS) et le droit international. Ses recherches récentes portent sur le développement et les usages des technologies de chiffrement dans les outils de messagerie (projet européen H2020 NEXTLEAP, 2016-2018), les « résistances numériques » à la surveillance et à la censure dans l’Internet russe (projet ANR ResisTIC, 2018-2021), et la gouvernance des archives du Web (projet ANR Web90, 2014-2017 et projet CNRS Attentats-Recherche ASAP, 2016). Ses travaux théoriques explorent les approches STS à la gouvernance d’Internet, avec une attention particulière aux controverses socio-techniques et à la gouvernance « par l’architecture» et « par l’infrastructure ». Francesca a été le Yahoo ! Fellow in Residence à l’université de Georgetown et chercheuse associée au Berkman Center for Internet and Society de l’université de Harvard en 20122013 ; pendant ses études, elle a séjourné à la University of California at Santa Barbara et à la University for Peace, mandatée par les Nations Unies au Costa Rica. Francesca est membre du CSA lab, et vice-présidente en charge de la recherche de l’Internet Society France, après avoir été membre de la Commission de réflexion sur le droit et les libertés à l’âge du numérique de l’Assemblée nationale (2014-2015). Elle co-préside depuis 2017 la section Politiques de communication et technologies de l’IAMCR après en avoir coordonné le réseau jeunes chercheurs de 2012 à 2016.
    • Igor Galligo

      Fondateur

      Université Paris 8, Université de Technologie de Compiègne COSTECH , Université de Leuphana ICAM

      Igor Galligo est né dans le Sud-Est de la France, de familles d’origines française, italienne et tunisienne. Il a reçu plusieurs formations de recherches universitaires en philosophie, sciences humaines et sociales, mais aussi en art et en design, en France, en Allemagne et aux Etats-Unis. Quel que soit le pays, l’université ou le projet élaboré, les académies de recherche avec lesquelles il a travaillé souffrent d’un problème de représentation qui limite à une élite sociale la production des savoirs, des arts et des technologies. Le plus souvent, celle-ci concentre dans le domaine privé des pouvoirs de production, d’organisation et de décision qui lui permettent de construire la société civile selon le modèle qu’elle choisit, au-delà des normes et des logiques démocratiques. Or, les expériences qu’il a mené au sein d’associations sociales ou culturelles locales dans des quartiers populaires lui ont montré qu’il était non seulement possible de démocratiser la production des savoirs, des arts et des technologies, mais aussi urgent d’y travailler pour maintenir la paix sociale, au-delà des enjeux d’émancipation et de constructions collectives. Pour cela, il propose de penser la démocratie et la démocratisation comme des questions (et des enjeux) de production et d’organisation de la production, c’est-à-dire à la fois comme des questions de design technologiques et des questions d’économie. C’est à cela qu’il travaille aujourd’hui à travers la démocratisation de la production médiatique, rappelant que les médias représentent le quatrième pouvoir de nos démocraties, mais que la privatisation de l’évolution numérique des médias d’information se développe à contre-courant des enjeux et des logiques démocratiques. Cette privatisation met en danger non seulement la représentation et la puissance populaires à travers les nouveaux médias, mais aussi certaines valeurs cardinales de notre démocratie, qui ne consistent pas seulement dans la liberté d’expression, mais aussi dans la possibilité de l’autonomie et l’autodétermination individuelles et collectives. Son enjeu consiste ainsi à inventer et à expérimenter collectivement de nouveaux designs de l’information qui doivent être de nouvelles manières de communiquer pour faire société selon les idéaux de la démocratie.
    • Jamie Allen

    • Jeanne Lacour

      Architecte-urbaniste

      Après des études en mathématiques et en physique, Jeanne Lacour se forme à l’École d’Architecture de la Ville et des Territoires à Marne-la-Vallée puis y suit le DSA architecte-urbaniste. Au cours de son expérience de cheffe de projet à l’agence Anyoji Beltrando, elle contribue à divers études et projets urbains de la métropole parisienne. Avec l’association Chorographe qu’elle a co-fondée, elle travaille avec la communauté d’agglomération de Cap Excellence sur le projet de cartographie contributive et d’ateliers participatifs Chimen An Nou, qui propose un support de transformation des mobilités en Guadeloupe, fondé sur l’expérience des usagers et leur connaissance du territoire.
    • John Bingham-Hall

    • Julien Pierre

      Enseignant-chercheur en sciences de l’information et de la communication

      Julien Pierre est, exerçant au sein du programme SciencesCom d’Audencia Business School (Nantes), membre associé du DICEN-IDF. Ma recherche porte sur la manière de faire émerger du commun quand se rencontrent différentes dimensions, focales, lignes d’action, pratiques ou disciplines. Je travaille sur les hybrides, les tiers-lieux, les méthodologies croisées, les traits d’unions, les objets intermédiaires. Sur ce qui circule entre les strates.
    • Lucie Kolb

    • Ludovic Duhem

      Artiste et philosophe

      Ludovic Duhem est artiste et philosophe. Il est actuellement professeur à la Haute Ecole des Arts du Rhin où il enseigne la philosophie de l’art et du design. Il intervient également à l’Université de Lille et Valenciennes ainsi qu’à l’ENSCI-Les Ateliers et à l’ENSAV La Cambre. Ses recherches philosophiques portent sur les relations entre esthétique, technique et politique au sein des enjeux écologiques contemporains. Il a récemment publié Crash metropolis. Design écosocial et critique de la métropolisation des territoires (T&P Workunit, 2022), Les écologies du numérique (NUMA, 2022) et Écologie et technologie. Redéfinir le progrès avec Simondon (Matériologiques, 2022).

      Haute Ecole des Arts du Rhin

    • Marielle Macé

      Spécialiste de littérature française

      Normalienne, agrégée, docteur (Paris-IV, 2002), habilitée à diriger des recherches (EHESS, 2011), elle enseigne la littérature à l’EHESS, et comme professeur invité à New York University. Elle fait aussi partie des animateurs de la revue Critique (Éditions de Minuit) et de la revue Po&sie (Éditions Belin). Sa recherche a porté successivement sur le genre de l’essai, sur la mémoire littéraire et les recours à la littérature, et sur un renouveau de la pensée du « style», élargie du domaine de l’art à la qualification de la vie et de ses formes, et aux valeurs qui s’y affrontent. Ses livres prennent la littérature pour alliée dans une compréhension et une critique des formes de la vie; elle travaille actuellement sur les solidarités entre la poésie et une anthropologie élargie (aux choses, aux environnements, aux communs, aux zones à défendre, aux plantes, aux bêtes…). Elle est en particulier l’auteur de : Le Genre littéraire (Garnier-Flammarion, 2004, rééd., 2012) ; Le Temps de l’essai (Belin, 2006); Façons de lire, manières d’être (Gallimard, 2011) (traduit en Italien, Chinois, Roumain; traduction partielle en Anglais); Styles. Une critique de nos formes de vie (Gallimard, 2016); Sidérer, considérer. Migrants en France 2017 (Verdier, 2017; traduction en Italien et en Portugais, à paraître); Nos cabanes (Verdier, à paraître).
    • Martin Westwood

    • Mathias Rollot

      architecte et docteur en architecture de Paris 8

      Praticien et consultant indépendant, il est aussi auteur et traducteur, et a publié plus d’une dizaine d’ouvrages entre architecture, philosophie et écologie. Dernière parution : Les territoires du vivant. Un manifeste biorégionaliste (François Bourin, 2018).
    • Michaela Büsse

    • Mick Finch

    • Patrick Bouchain

      Architecte et scénographe

      Patrick Bouchain a été professeur à l’Ecole Camondo à Paris (1972-1974), à l’Ecole des beaux-arts de Bourges (1974-1981) et à l’Ecole Nationale Supérieure de Création Industrielle de Paris (1981-1983). Il a successivement été conseiller auprès de Jack Lang, puis conseiller auprès du président de l’Etablissement public du Grand Louvre (1992-1994). En tant qu’architecte, il a notamment réalisé : l’aménagement du Magasin à Grenoble (1985), le théâtre Zingaro à Aubervilliers (1988), la volière Dromesko à Lausanne (1991), et, en association avec l’agence Construire, le siège social de Thomson Multimédia à Boulogne-Billancourt (1997), la transformation des anciennes usines LU à Nantes en espace culturel (2000), le musée international des Arts modestes à Sète (2000), l’académie Fratellini à Saint-Denis (2002), la reconversion de la Condition Publique à Roubaix (2003) et la scène nationale du Channel à Calais (2005) dans les anciens abattoirs. Pionnier du réaménagement de lieux industriels en espaces culturels, son activité s’est axée sur les arts du spectacle, la mobilité et l’éphémère. Foncièrement anticonformiste, il pratique avec l’agence Construire (Loïc Julienne) une architecture « HQH », pour « Haute qualité humaine », développant les chantiers ouverts au public, véritables actes culturels, la remise en question permanente des normes, et valorisant la maîtrise d’usage, cœur de tout projet. Son activité s’oriente depuis 2009 vers l’application de ces expériences pour proposer des manières alternatives à la production d’habitat social à travers un projet intitulé « Le Grand ensemble » en chantier dans plusieurs villes.
    • Pelle Ehn

    • Pierre-Damien Huyghe

      Professeur émérite à l’université Panthéon-Sorbonne

      Pierre-Damien Huyghe est . S’appuyant sur la tradition philosophique, son travail concerne notamment la notion d’industrie, les économies de la technique et les formes d’urbanité résultantes. Dans Modernes sans modernité (éditions Lignes, 2009), il soutient une idée de modernité qu’il distingue d’un côté de la volonté d’être moderne propre au modernisme, de l’autre des opérations subreptices de la modernisation. Cette réflexion aboutit à une critique des usages de la notion d’innovation (voir Sociétés, services, utilités, De l’incidence éditeur, 2018).
    • Priscillia Ludosky & Co.

    • Remi Astruc

    • Richard Sennett

      Sociologue et historien américain

      Richard Sennett enseigne à la London School of Economics et à l’université de New York. Il est également romancier et musicien. Poussé vers la sociologie par Hannah Arendt, il reconnaît l’influence de Michel Foucault sur son travail. Il est fondateur du New York Institute for the Humanities. Sennett a reçu entre autres le Hegel-Preis à Stuttgart en 2006, le prix Gerda Henkel à Dusseldorf, le Prix Spinoza en 2010, le Prix Hemingway à Lignano Sabbiadoro en 2015, et le Prix européen de l’essai Charles Veillon à Lausanne en 2016. Il est l’auteur, aux Editions Albin Michel, du Travail sans qualités (2000), et de Respect. De la dignité de l’homme dans un monde d’inégalité (2003), ou encore de Ce que sait la main (Albin Michel, 2010), une réhabilitation du modèle de l’artisanat. Son dernier ouvrage, Together (Yale University Press, 2012), s’intéresse à la coopération. Ses essais l’ont imposé en Europe comme l’une des figures les plus originales de la critique sociale d’aujourd’hui.
    • Shintaro Miyazaki

    • Tim Ingold

    • Tom Clark

      Curator and writer

      Tom Clark teaches and has worked on curatorial and publishing projects internationally. He is currently an AHRC/CHASE-Funded PhD Candidate at Goldsmiths, University of London, where his research explores infrastructural figures, politics and imaginaries as they relate to the institutions of art. He has been editor at BAK, basis for actuelle kunst, Utrecht (2015–2017); co-director at Arcadia Missa gallery, London (2010– 2015); was contributing editor to Para|Fictions, ed. Natasha Hoare (Rotterdam: Witte de With, 2018), and Maria Hlavajova and Simon Sheikh, eds., Former West: Art and the Contemporary After 1989 (Utrecht and Cambridge, MA: BAK and MIT Press, 2017); and his chapter, “Post Internet,” was published in Rosi Braidotti and Maria Hlavajova, eds., Posthuman Glossary (London: Bloomsbury, 2017).
    • Émeline Eudes

    Interventions

    Dire « nous » aujourd’hui MARIELLE MACÉ

    On éprouve aujourd’hui un véritable appétit pour le pronom « nous », sa force et sa chaleur. Je voudrais examiner, en littéraire, les enjeux de cet appétit. Il s’agit en particulier de souligner que la question du « nous » n’est pas celle des identités ou des appartenances. « Nous » ne désigne pas un agrégat de personnes, mais un sujet collectif. Et c’est politiquement assez différent : il ne s’agit pas de dénombrer des petits groupes dans un « tout », mais de définir des façons multiples de se relier, de former un pluriel, et pas n’importe quel type de pluriel : un pluriel suffisamment soudé pour qu’il puisse s’énoncer, un pluriel défini par la densité des liens qui le composent.

    Vivre l’époque PIERRE-DAMIEN HUYGHE

    La communauté, c’est du commun lié, noué, attaché à un nom, à une histoire, voire à un mythe. Il faut commencer par là : dire que la communauté, ce n’est pas le commun du commun, lequel se trouve répandu – éparpillé, disséminé – au sein d’un monde où il grouille d’activités diverses et innombrables. Le commun, ce sont les affairements et les bricolages du plus grand nombre avec les capacités techniques de l’époque, c’est cette époque telle que vécue. Qu’est-ce que ce vécu ? Qu’est-ce que vivre une époque ? Et même, pour être plus précis ou plus circonstancié, qu’est-ce que vivre cette époque, la nôtre, qui dispose (de) nombre d’appareils d’enregistrement, de moteurs de toutes sortes et de capacités de gestion statistique à leur tour produites par des appareillages et des motorisations à la profondeur historique restreinte ? Dans quelle mesure ces dispositions sont-elles, pour le commun, organiques ? Pareilles questions se trouvent au cœur de textes publiés à l’issue de la seconde guerre mondiale par Lazslo Moholy-Nagy et Frank-Lloyd Wright. Il n’est pas inutile de relire aujourd’hui ces textes et d’en apprécier la modernité. Ils sont au fondement d’une idée aujourd’hui très (trop ?) appelée, celle de design. Je m’efforcerai de préciser en quoi, et jusqu’à quel point.

    Esthétiques de la communauté : Quelles formes peuvent prendre nos vies ? REMI ASTRUC

    Nous tenterons de prendre « forme » au sens fort et donc au sérieux, non comme une métaphore ou une façon de parler. Giorgio Agamben affirme en effet que les formesde-vie se définissent précisément par le fait que celles-ci ne peuvent être artificiellement séparées de leur forme. La prise en compte de la forme de la vie conduit alors naturellement à examiner cette dernière non pas aussi, mais peut-être prioritairement, dans la sphère de l’aisthesis, non pas pour l’évaluer esthétiquement (une vie plus ou moins belle que les autres) mais pour s’en saisir par la sensorialité (l’intensité affective qui la constitue). Être en commun, aspirer à la communauté, peut ainsi se dessiner de plusieurs manières, d’un trait ferme ou tremblant, brillant ou effacé, continu ou discontinu. Souvent, l’attention démesurée portée au « contenu » de ce qui serait commun a fait disparaître la figure que dessinent nos liens. Or les inquiétudes aujourd’hui sur la disparition du contenu commun de nos vies appellent sans doute à porter plus d’attention et à accorder plus d’importance aux formes que celui-ci peut prendre et qui font justement apparaître l’être-en-commun comme forme-de-vie. Nous réfléchirons à ces questions en nous appuyant notamment sur les images dessinées par des mythes et des œuvres littéraires. Rémi Astruc est professeur de littératures francophones et comparées à l’université Paris-Seine (Cergy-Pontoise). Il est en charge de l’axe « constructions identitaires » au sein du laboratoire AGORA (E.A. 7392) au sein duquel il organise le séminaire « Communauté/communautés » depuis 2013. Il s’intéresse aux esthétiques du commun et de la communauté, c’est-à-dire aux productions esthétiques des groupes et des communautés ainsi qu’aux formes esthétiques que peut prendre le commun. Sur ces questions, il est notamment l’auteur de Nous ? L’aspiration à la Communauté et les arts, Versailles, RKI Press, 2016, (postscriptum de Jean-Luc Nancy) et a dirigé l’ouvrage collectif La Communauté revisitée/ Community Redux, (RKI Press, 2016, avant-propos de Yves Citton). Il anime le site de la CCC (Communauté des Chercheurs sur la Communauté) qui est un réseau international de chercheurs sur ces thématiques et constitue une archive sur le sujet.

    Common(s) Materials JOHN BINGHAM-HALL

    Why have ply and wood boarding come to be so expressive of grassroots political action ? Why is glass understood as an avatar of transparent democracy ? In this presentation I will explore the materiality of the commons, and also the common materials reproduced time and again in the construction of particular kinds of political space. To what extent dœs the manifesting of politics in common materials have to do with real properties of those materials, and to what extent are they doing symbolic work ? In other words, are these materials politically usefulness be found at a physical, even atomic level, in the way they treat light and sound or can be cut and assembled, or is their participation in the construction of politics based on metaphorical relationships to ideas about those politics. Drawing on real political spaces and ideas submitted to Theatrum Mundi’s Designing Politics ideas challenges, I will aim to open up a critique of the role of materials in political with a view to widening the language of community design.

    Imagining Users TOM CLARK

    If we can complicate the question of designing community, or perhaps its conditions, with the view that in order that it be instituted it must first be imagined, in what ways can we respond to the infrastructural politics of participation and digital technology that shape the concerns of this meeting ? Moreover, if we are also considering the communities these might shape, how do we consider their constituents beyond the aesthetic and functional limits of the habitual figure of infrastructures, ‘the user’’— a figure more often than not mobilized to maintain certain kinds of infrastructure, and one with pre-determined and circumscribed agency ? The field of art provides a useful starting point to these questions. Specifically art also comes under increasing pressure from policy conditions to both conform to common infrastructure and ideas of the function of cultural work in the broader economy. But dœs this collapsing of art into other disciplines neutralize the critical positions developed through art, or re-mobilize them ? I will develop an infrastructural perspective to explore these questions through the work and context of Assemble, Theatrum Mundi, and Arte Util among others. This will help to model how infrastructure might depend on deploying as well as denying the status quo at the level of imaginary and of functionality ; to speculate on this links the user and the platforms through which the user is realized and question the rubric of infrastructural provision and combination ; to outline instead, how an contributive infrastructure might also offer a being-in-common not defined by the re-combination of separate users, but as the negotiation of existing dependencies, affects and territories.

    In search for the collective designer reimagining a nordic noir participatory design tale in the age of surveillance capitalism PELLE EHN

    Through analysis of concrete design examples participative design strategies and tactics are explored under conditions of a welfare state (prototyping, expanding democracy to the workplace, 1985), neoliberal globalisation (infrastructuring, alternative networks and « friendly hacking », 2015), and contemporary conservative populist nationalism (what to do here is the new challenge, is democracy enough ?). (Democratic) Design Thinging is suggested to replace (liberal) Design Thinking. Embracing Latour, but turning him on his head, as Marx did with Hegel. Maybe even turning to Hannah Arendt and her distinctions between labour, work and action in the Human Condition, not to delimit the political to her category of action, but to argue for design thinging and participatory design as flickering movements between the three, merging (private)bodies, (collaborative) making, and (public) activism in the making of and by publics and commons in the small and in the many.

    Penser et accompagner le changement de paradigme décisionnel grâce au numérique CYRIL LAGE

    L’urgence qui pèse sur nos administrations et instances de décisions est protéiforme : sociale, écologique, institutionnelle… Les modes de gouvernance actuels, aujourd’hui remis en cause notamment par la crise des Gilets Jaunes, arrivent à un tournant et se voient contraints d’évoluer. Ce tournant est depuis des années pressenti, étudié et analysé par les théoriciens de l’Open Gov. Depuis des années, l’écosystème des civic tech s’attache de diverses manières à renverser le paradigme décisionnel, pour remettre les citoyen.ne.s, les salarié.e.s, au cœur des processus de fabrication de la décision, qu’elle soit politique ou stratégique. Pour que la décision devienne un commun. Cap Collectif, entreprise indépendante, agit dans ce but. Le web est selon Dominique Cardon un espace de mise en conversation, or, Cap Collectif ne met pas en conversation les internautes. La plateforme que nous avons développée vise à l’établissement d’un échange, d’une co-construction. Huit applications participatives rendent ceci possible. A la clé, un échange apaisé, à l’instar des espaces de discussion de conversation disponibles ailleurs sur la toile comme les espace de commentaires des divers site web de presse par exemple. Cyril Lage présentera la méthode de conception de la plateforme Cap collectif ainsi que l’accompagnement proposé aux décideurs et décideuses qui souhaitent engager des démarches de participation citoyenne. Au lendemain du Grand Débat National, la perspective d’une démocratie délibérative permanente est d’actualité. Or, si la direction à prendre semble a priori emporter l’adhésion et l’unanimité, Cyril Lage évoquera les résistances rencontrées régulièrement lors de la mise en œuvre du changement. Il proposera enfin des pistes de réflexion pour penser la transition des modes de gouvernance conjointement au cap visé.

    Faire communauté « par l’architecture » : les services Internet en pair-à-pair FRANCESCA MUSIANI

    Si le dialogue et le conflit entre architectures techniques, proposant des modèles différents d’organisation, de société, de travail, de marché, n’est pas un enjeu propre au numérique, il s’est rarement manifesté avec autant d’ampleur et force qu’avec l’avènement de l’Internet et de la massification de ses usages. L’architecture technique qui sous-tend l’Internet actuel – à la fois celle de l’Internet global, et celle des réseaux, systèmes, services qui le peuplent – n’est pas statique, pas plus qu’elle ne s’est imposée d’elle-même grâce à une supériorité technique intrinsèque. L’histoire du « réseau des réseaux » est celle d’une évolution constante, qui répond à une logique de normalisation de fait, liée aux modifications des usages, en particulier à leur massification, et à un ensemble de choix non seulement techniques mais économiques, politiques, sociaux. Tout comme l’architecture de l’Internet a fait l’objet de controverses par le passé, elle est actuellement soumise à de nombreuses tensions, tandis que l’on discute de ses futurs et que, après en avoir reconnu l’importance en tant que levier de développement et de contraintes économiques, on en reconnaît pleinement le statut de mécanisme de régulation politique. Le développement de services basés sur des architectures de réseau décentralisées, distribuées, P2P est depuis les débuts de l’Internet un de ses importants modes de communication et de gestion des contenus numériques. Dans ces systèmes, la responsabilité des échanges ou des communications se trouve aux marges ou à la périphérie du système, et l’ensemble des ressources du système ne se trouve pas dans un même endroit physique, mais est réparti dans plusieurs machines. Toutefois, si le concept de décentralisation est en quelque sorte inscrit dans le principe même de l’Internet – notamment dans l’organisation de la circulation des flux – son urbanisme actuel n’intègre ce principe que de manière limitée. Structuré par une poignée de grandes plateformes, l’Internet d’aujourd’hui centralise des masses considérables de données dans certaines régions de l’Internet, alors même qu’elles ont vocation à être rediffusées aussi vite dans de multiples endroits d’un réseau pleinement globalisé. Le recours à des architectures de réseau décentralisées et à des formes d’organisation distribuées pour les services Internet est donc envisagé par nombre de projets, entreprises, services, comme voie « alternative » possible à cette centralisation. Les implications sont multiples, en termes de performance technique, mais aussi pour redéfinir des concepts tels que la sécurité et la privacy, reconfigurer les emplacements des données et des échanges, les frontières entre le réseau et l’usager, les outils à disposition de ce dernier. En somme, le P2P peut avoir un impact sur l’attribution, la reconnaissance et la modification de droits entre utilisateurs et fournisseurs des services de l’écosystème Internet. Recourir à des architectures décentralisées et à des formes d’organisation distribuées du réseau est donc une manière alternative d’aborder certaines questions critiques de sa gestion, dans une perspective d’efficacité, de sécurité et de « développement numérique durable ».

    Le Community manager comme tisserand, ou comment tirer le fil des émotions aux communautés JULIEN PIERRE & ; CAMILLE ALLOING

    À travers l’affective computing, la technologie a apporté aux industries de biens et de services la capacité de lire et stimuler les émotions des consommateurs. En se centrant sur l’utilisateur, le design propose également de réenchanter le parcours-utilisateur. La rencontre de ces deux champs permet aux principales plateformes du web social de déployer des fonctionnalités avec lesquelles les usagers peuvent partager leurs réactions émotionnelles. Mais les émotions ne sont que des états passagers propres aux individus : si elles les mettent en mouvement, elles ne disent rien de la cause ou des effets dans la mesure où la technologie n’est pas – encore – capable de saisir et correctement interpréter le contexte d’émergence d’une réaction émotionnelle (qu’elle n’est pas plus capable d’interpréter convenablement). Après tout, que veut dire un like ? Nous repartons de la définition des affects établie par Spinoza pour envisager les stratégies des plateformes, et avec elles des marques et des agents qui y travaillent. Ainsi, les fonctionnalités proposées potentialisent les capacités affectives des usagers : capacité à affecter les autres, capacité à montrer dans quelle mesure une expérience nous a affecté. Le community manager est l’opérateur principal de ces stratégies affectives : il va employer les leviers fournis par les plateformes pour affecter sa « communauté de fans » au profit de la marque. Nous nous sommes intéressés plus particulièrement à l’emploi des emoji sur Twitter pour saisir ce qu’impliquait le travail affectif. En choisissant tel emoji pour illustrer son tweet, en répondant avec un, ou en étant interpellé par un, le CM est pris dans l’affectivité de la marque, de la plateforme et des membres de sa communauté. Notre analyse (22 entretiens, 545 répondants, 115000 tweets) nous permet de suivre comment l’emoji circule, depuis des consortiums et des industriels qui en valident l’existence et l’apparence, jusqu’à des situations d’énonciation en ligne, en passant par la possibilité de s’en servir pour du sentiment analysis et donc pour une certaine économie. Suivre à la trace les emoji permet ainsi d’identifier un « territoire numérique de marque » (Le Béchec & ; Alloing), terme plus adéquat selon nous pour conceptualiser les communautés. Mais cette méthode a aussi le mérite de rendre saillantes d’autres lignes d’action propres au CM. En considérant les emoji comme des affordances affectives (de la même manière que le sont les tableaux de bord, les guides pratiques et les briefs stratégiques), le CM effectue des choix communicationnels et organisationnels parmi une gamme d’actions. Notre recherche montre alors comment s’entremêlent des lignes entre la marque et sa communauté, entre le web et l’organisation, entre les interactants de la conversation en ligne, entre les expériences des uns et les émotions des autres, entre les affordances et les choix éthiques. Le community manager apparait alors comme le tisserand entrelaçant les lignes d’action qui sont autant de mailles du social.

    Fragmenter la communauté CLÉO COLLOMB

    Cette proposition ne cherche qu’à cultiver une sensibilité à une certaine forme de communauté. Elle part d’une interrogation : comment sortir de façon non-triviale des rhétoriques marketing du renouveau de la communauté en ligne ou de l’intelligence des foules sur le web, sans pour autant se satisfaire des discours de l’aliénation de nos vies au cœur du capitalisme des plateformes ? L’idée de « communauté virtuelle » était très populaire dans les années 90, on pensait que la technologie permettrait de redéployer une socialité conviviale. Dans les années 2000, la rhétorique de l’intelligence collective et de la sagesse des foules l’emporte sur celle de la communauté, les TIC sont alors perçues comme offrant des possibilités d’expression aux masses ainsi que la coordination de leurs activités. Mais il ne reste pas grand chose de la communauté dans ces foules sages puisque les acteurs qui en coordonnent les activités ne font rien d’autre qu’agréger de manière automatisée, algorithmique les actions d’un très grand nombre d’individus postulés comme autonomes et techniquement maintenus en relation d’indépendance les uns par rapport aux autres. Autrement dit, l’idée de sagesse des foules repose sur un individualisme méthodologique incompatible avec l’expérience de la communauté : personne n’y sait que (ni comment) ses contributions participent à la production de quelque chose de commun. La foule sage n’est pas la communauté car elle dispense les individus de toute dimension collective de l’existence. Mais le design de la foule sage a saisi quelque chose du numérique : il est constitutif de modalités spécifiques de notre présence les uns aux autres. Goody a montré le rôle qu’a joué l’écriture dans la révolte des esclaves à Bahia : en faisant circuler des billets, les émeutiers ont pu planifier des incendies simultanés, fixer des rendez-vous silencieusement, organiser « un public plus large, plus distant et plus impersonnel » que ne le permet l’oralité. L’informatique pouvant être comprise comme une radicalisation de la dimension logistique de l’écriture, les TIC ont pour spécificité de permettre la constitution d’un « être-ensemble en très grand nombre ». Cet être-ensemble en très grand nombre permet de thématiser la sensibilité que je cherche à cultiver : faire que la communauté ne se totalise pas, sans pour autant en passer par l’atomisation. Le nombre fragmente la communauté, lui évitant l’absolutisation. Et il ne permet pas à l’individu d’exister, car lorsque nous sommes plusieurs, l’unité individuelle est toujours déjà affectée, exposée au commun qui la dépasse. L’être-ensemble en très grand nombre permet de mettre au travail une pensée non des identités, mais des appartenances. Cette pensée suppose une forme de désidentification, de devenir-quelconque, tel qu’on peut l’éprouver dans les émeutes ou au cœur d’un pogo dans un concert de hardcore. Il ne s’y agit pas d’espaces d’échange, de parole, ni nécessairement d’action, ce sont des espaces de présence, où les corps s’exposent les uns aux autres et où les sujets disparaissent. Fragmenter le projet comme totalité, exister côte-à-côte, à la lumière des autres, devenir-quelconque, porter un gilet anonyme, exposer une fragilité dans la nuit.

    Capricious Characters of the Community : Let’s see how this plays out. JAMIE ALLEN, BERNHARD GARNICNIG & ; LUCIE KOLB

    The actions, activities and instincts of individuals that undertake knowledge practices within institutions co-constitute their potentials, politics and effects. The ways we act and interact with and within institutions is tinged with ever-present and unpredictable tonal qualities, limiting and affording particular modes of participation. It is instructive, even instrumental, to reflect our performed roles back upon themselves, evoking how they reverberate through our artificial means of satisfying the need we have to work together toward practical action. If, as Deleuze remarked, “what we call an instinct and what we call and institution essentially designate procedures of satisfaction”, then we need to enact the various means of these procedures in order to render them explicit — to see how they play out as was in which we institute “an original world between its tendencies and the external milieu”. We perform, and ask the collective co-created here, to enact and enable with us, the capricious characters of a conference that seeks to discuss and develop the conditions under which communities emerge. Through this enactment we hear how such contexts demand of us the construction of enacted roles, within the constraints and affordance of scenographic infrastructure. We do this as articulation of participation, and to resonate the tone of our capacity to live, work and make together.

    Les « collectifs » d’architectes français. De la pratique à l’enquête de terrain : conclusions critiques. MATHIAS ROLLOT & ; ARTHUR POIRET

    Par la réflexion critique autant que par le biais d’exemples concrets, l’intervention propose quelques conclusions à la recherche nationale menée entre 2015 et 2018 et récemment parue sous le titre L’hypothèse collaborative. Conversation avec les collectifs d’architectes français (Hyperville, 2018). Ce qui constituera l’occasion de préciser les orientations communes, les différences et spécificités de parcours de ces acteurs regroupés sous l’appellation « collectifs ». Et donnera à lire non seulement l’importance de changer nos manières d’appréhender la commande, notre rapport à l’économie du projet, et la pluralité des compétences nécessaires à la réalisation du projet spatial et social ; mais aussi la nécessité d’une attention fine et prudence, si ce n’est critique, sur le sujet des « collectifs » et du lexique de la participation en architecture.

    Art Eco-systems MICK FINCH

    The paper will look at how agendas such SteAm and ‘art inspired’ production have substituted art for design disciplines. However, the logic of ‘Industry 4.0’ was to genuinely look to how practices can disrupt conventional thinking in terms of methodologies such as open manufacturing. The key here seems to be how art mindsets tend to be ‘means orientated’ and able to identify specificities which are arguably a key quality for innovation. EU innovation funding streams and projects such as Fab Cities push the logic of how localized manufacturing and the rapidly closing gap between producer and consumer/client opens opportunities to configure how communities can be developed and sustained by engaging with these processes. Artistic practice, both in terms of ideas of production/ manufacture and in the relational sphere are crucial in thinking through such ideas. The paper will discuss these points in relation to projects currently being explored by the Art Programme at CSM in collaboration with its design departments and external design orientated organisations. The paper will look to how the shift in Industry 4.0 manufacturing processes and digital capture is recalibrating art practices and how it raises questions about what the studio will become, what is the reprographic and the multiple and what is the artist’s relationship to communities. A new art eco-system is emerging where collaboration, making and distribution is being transformed. However, fine art education tends to continue to focus on disciplinary boundaries with the gallery and museum systems as the dominant distributive culture. There is need for art practice to move closer to radical design to break this deadlock.

    Fictionalising Commoning as Co-Design SHINTARO MIYAZAKI & ; MICHAELA BÜSSE

    Based on the results of a workshop we run a few weeks before the conference, we will reflect on the use of fiction in practice-based research processes. “Thinking Toys for Commoning” is a SNFS-funded project which playfully inquires approaches to model making as a means for grasping the complexities of co-living in shared spaces, using shared resources and infrastructures. Next to playing and modelling, the project investigates fictionalising (especially utopian narratives) as a strategy to deal with systems which defy control. If the future is unknown and the present full of uncertainties, how can we implement and what can we learn from utopian thinking ? In order to explore visions on sharing and resource allocation we have created a workshop format that makes use of science fiction storytelling, prototyping (with artifacts, toys and other objects) and role play as methods. Selected pieces of utopian literature were analysed, disassembled into key elements and reassembled into alternative configurations by a group of participants. The newly crafted narrations will feed into the process of designing further toys for commoning. In our understanding, design acts as a diffractive technique, a moderator or facilitator between potentialities and their actualisation.

    Participez ! Pour une critique mésologique du co-design LUDOVIC DUHEM

    Avec le développement actuel du design d’innovation sociale, du design de services, du design de politiques publiques, soutenu par les dispositifs numériques mis à disposition du public non expert en ligne et dans les « tiers lieux », les démarches de « co-design » apparaissent comme le nouveau paradigme de la « fabrique des communautés ». La participation s’impose alors comme la condition sine qua non du projet « communautaire » que le design propose aussi bien sur le plan social, économique que politique, pour construire une alternative au modèle dominant de la démocratie industrielle. Or, le fait de prendre part à quelque chose ne garantit pas nécessairement l’intégration ni l’émancipation du participant. À cet égard, la participation peut aussi se donner à voir sous d’autres figures, bien plus problématiques : injonction autoritaire, stratégie manipulatoire, idéologie mensongère, système de contrôle, etc. Il est donc nécessaire de revenir sur le concept de « participation » et sur la multiplicité de ces modalités pratiques afin de comprendre en quoi le co-design peut installer un dispositif de pouvoir paradoxalement instrumentalisant et cœrcitif alors que les intentions affichées sont à l’opposé. Plus généralement, c’est à une « mésopolitique » du co-design que sera consacrée cette intervention, en dialogue avec les philosophies de Simondon, Berque et Foucault, c’est-à-dire à une politique du « milieu » où la participation est autre chose qu’une nouvelle forme d’instrumentalisation des citoyens pour maintenir la paix sociale, à savoir ce qui révèle l’intrication réciproque et dynamique entre l’être humain et le milieu, qui est inséparablement éco-techno-symbolique. Le co-design serait en ce sens un design des communautés humaines et non-humaines, un soin individuel et collectif apporté aux milieux de vie.

    Poor Sculpture : Making contingent markers with localized wireless networks ELIZABETH WRIGHT

    ‘Involuntary Works’ is a term first applied to a series of photographs made by the photographer Andre Brassaï in 1933 for the third and fourth editions of the Surrealist Magazine Minotaure. Everyday mundane objects such as bus tickets and bread rolls, photographed in extreme close up were monumentalized ; becoming through the process of recording an ‘Involuntary sculpture’. Employing current analogue technology and through the print distribution system of a magazine publication, the previously established notions of sculpture as materially permanent markers that were singularly authored had been countered. Offline customizable wireless networks can be equally understood as providing an alternative platform for marking space. Mazi is a term used to describe a set of adaptable tools hosted on a localized platform. Its name, derived from the Greek word for ‘together’, communicates how Do-It-Yourself low-cost networking hardware, and free/libre/open source software ‘Floss’ applications can be adapted as a community tool to facilitate collective exchange and creative production. Reverso, a project developed across two different community contexts São Paulo, Brazil and London, UK will be used as a case study. Alternative approaches to the deployment of Mazi as a platform for distributed learning and hosting open-source software creative tools to facilitate community action will be discussed. How three-dimensional digital open-source modelling applications might be used to facilitate the recovery and activation of shared local histories in order to produce contingent digital markers will be introduced. The extent to which Mazi can be understood as offering new forms of digital sculptural fluidity through collective production and authorship will be considered.

    Simondon, Lyotard and the transdisciplinary shadow MARTIN WESTWOOD

    Drawing from experiences as an artist involved in a cross-disciplinary project with archaeologists based in Saint-Denis, France (NEARCH – New Scenarios for a Community Based Archaeology), this presentation observes relationship and antagonism between holistic and discrete fields of knowledge, aesthetics, community, communication and noise. The beheaded body of the walking and talking cephalophore, St. Denis, is proposed as a postal worker – a gory cipher for the media delivery of messages. The talk describes the distribution of a series of questions (generated by consideration of Gilbert Simondon’s proposition of aesthetics as ecumenical thought, Jean Francois Lyotard’s notion of the differend and Michel Serres idea of the parasite) across the postal worker’s de-capitated body : To what extent dœs the formation of a universal community depend upon successful relations and practices of communication ? If founding a community requires an act of exclusion (of noise, dispute, silence or remoteness) in order to successfully exchange messages, can architects of new communities acknowledge and incorporate this act of exclusion ? Can the formal character of the exclusion be inverted into a building block for a new community where community might be made from “differences, noise and disorder” and “not in the key of pre-established harmony” ? (Michel Serres, The Parasite (2007), Minnesota Press Edition. 13).

    Renouer avec l’entreprise collective. La Chaire IDIS à l’épreuve du territoire. ÉMELINE EUDES

    Dans son livre Les trois écologies, Félix Guattari appelait déjà en 1989 à créer de nouveaux systèmes de valeurs, où la singularité – de l’individu, des projets collectifs, des relations à inaugurer avec nos milieux de vie – s’imposerait comme pilier, face à la standardisation des désirs et des imaginaires : « il est de moins en moins légitime que les rétributions financières et de prestige des activités humaines socialement reconnues ne soient régulées que par un marché fondé sur le profit. Bien d’autres systèmes de valeur seraient à prendre en compte (la « rentabilité » sociale, esthétique, les valeurs du désir, etc.). […] la question se profile d’une mise à disposition des moyens de mener des entreprises individuelles et collectives allant dans le sens d’une écologie de la resingularisation. » Chercher à redonner de la valeur à la singularité des entreprises, notamment collectives, constitue ainsi l’objectif de fond du programme de la Chaire IDIS – Industrie, Design & ; Innovation Sociale. Hébergée à l’Ecole Supérieure d’Art et de Design de Reims, la Chaire IDIS est une plateforme créative permettant aux différents acteurs du territoire Grand Est de se rencontrer et de développer ensemble de nouveaux objets, de nouvelles méthodes de travail et de nouvelles histoires partagées. C’est en rencontrant un à un ces acteurs – PME/PMI, pôles de compétitivité, laboratoires de recherche, associations, centres de formation, habitants…, c’est en élaborant avec eux des projets de création, en les invitant à pérenniser ces liens entre nous tous, que des formes sociotechniques nouvelles émergent. Il ne s’agit donc plus de centraliser le ‘pouvoir’ de faire en un lieu, une usine, une entité, mais de l’inventer à travers un maillage hybride entre des savoir-faire et savoir-être différents, épars et pour certains, encore jamais reliés. Il s’agit d’« entreprendre autrement », comme l’écrit Bernard Stiegler, pour que l’entreprise humaine, trop longtemps délaissée au seul capitalisme industriel, participe désormais d’une écologie de la singularité. Or cette singularité s’exprime moins sur un plan personnel que par la notion de « projet », qui sous-entend pour l’équipe de la Chaire IDIS des formes « d’entreprises collectives ». Alors comment passe-t-on de l’ « entreprise commerciale » au « projet commun », du profit au sens ? Comment fédère-t-on les énergies à travers le projet de design ? Et comment évalue-t-on si l’entreprise collective est opérante pour ses acteurs ? Voilà autant de questions que nous pratiquons au quotidien, vérifiant là le pouvoir d’invention et d’action du design.

    Design By Belleville IGOR GALLIGO & ; JEANNE LACOUR

    Nous souhaitons repenser le design d’une économique politique des affects (Citton ; Lordon) qui tienne compte des caractéristiques et dynamiques culturelles, économiques et socio-techniques du territoire de Belleville afin de composer une communauté bellevilloise cosmopolitique. Si la politique consiste (aussi) dans un agencement des affects de la multitude et si la fabrique d’une politique post-globalisée nécessite la prise en considération d’une échelle territoriale, alors la politique bellevilloise doit articuler une étude des affects bellevillois avec un contexte économique globalisé, et des dispositifs socio-techniques qui en sont les instruments de médiation. Nous faisons l’hypothèse de l’existence de deux tendances socio-techniques opposées qui corrompent (Negri, Hardt) la formation d’une telle économie politique des affects. Une tendance à la fermeture et à l’entre-soi qui conduit à une appropriation communautariste de certaines parties du territoire, et une tendance à l’évasion par l’usage de technologies de télécommunication et de réseaux sociaux numériques qui désincarnent et dissipent les affects et les attentions. Quel design des affects faut-il donc réinventer pour dialectiser la localité d’une expérience incarnée du territoire et la possibilité d’une ouverture à une communauté cosmopolitique, qui peut tirer profit des organes socio-techniques des communautés bellevilloises en tant qu’instruments de médiation entre local et global ? C’est à cette problématique que notre présentation voudrait proposer quelques pistes de recherche

    Ressources

    • École d'architecture de la ville & des territoires à Marne-la-vallé
    • Noödesign
    • Theatrum Mundi
    • Gerphau
    • Usbek & Rica
    • Institute of Experimental Design and Media Culture
    • EHESS
    • Desis network
    • APCI
    • Design en recherche
    • UAL Central Saint Martins
    • University of Applied Sciences Northwestern Switzerland
    • ouishare
    • Cap Digital
    • CRAL
    • PSL Création Cognition Société
    • Dessin : Illustration Timothée …
    • Type : Epilogue, ETC
    • Design : bnjm.eu
    • Web based composition, with PagedJs